Kagescan

Kagerou Daze Vol.VIII -summertime reload-


Summertime Record Side 2

Sommaire du volume 8

 

J'ai allumé la télévision qui était jusque-là restée longtemps éteinte. En seulement quelques secondes, l'écran a projeté l'image d'une rangée de voitures colorées dont on ne pouvait voir le bout. Après ça, la voix d'une jeune femme a dit alors qu'elle lisait avec sérieux son script : "d'autres embouteillages sont attendus sur la route principale de la région métropolitaine jusqu'à la fin des vacances d'été".

Quand la caméra s'est tournée, j'ai pu voir la silhouette d'un homme à l'ancienne tenant le volant de sa fourgonnette bleu délavé. En plus de lui, il y avait une énorme ombre et deux plus petites dans le véhicule. J'étais incapable de distinguer leurs visages, mais d'une certaine façon c'est l'image d'une famille chaleureuse qui s'est formée dans mon esprit.

J'avais envisagé le fait de regarder simplement la télé un peu plus longtemps, mais d'une façon ou d'une autre, mon doigt est allé presser le bouton "off" de la télécommande. Et du coup, j'étais assis sans rien faire, et la pièce s'est retrouvée envahie par les chants bruyants sortis de nulle part des cigales.

Cela faisait longtemps que je n'avais pas su apprécier de nouveau les chants des cigales. Au début, c'était sympathique car je les trouvais élégantes, mais au final j'ai finis par me demander combien de temps elles seraient capables de résister juste pour me faire souffrir. Bien que leurs voix soient si puissantes, elles n'ont jamais été capable de vivre après l'été. Il y avait des gens qui diraient que "les cigales vivent à travers leur seul et unique été de toutes leurs forces", mais même si je comprenais très bien ça, les voir inertes au bord de la route m'était insoutenable.

Je me demandais ce à quoi elles pouvaient bien penser alors qu'elles se desséchaient en regardant dans la direction du ciel et retournant dans la terre. Est-ce qu'elles priaient pour vivre après l'été et voir quel genre de décor pouvait s'y trouver ? Si jamais elles mourraient en ayant ce genre de pensées, alors c'était vraiment une histoire cruelle.

Et même si elles arrivaient à dépasser l'été, un hiver qui gèlerait leurs corps et esprit arriverait. Et leurs corps n'étaient pas faits pour survivre à ce dit hiver. À croire que depuis le début, un "post-été" pour elles n'avait pas été prévu par Dieu.

En parlant de ça,je me demandais quand c'était, mais une fois Kano avait gromellé ceci :

"Dieu est clairement un type horrible. Même quand notre entourage semble heureux, on a dû souvent traverser des moments pénibles ,C'est parce que Dieu nous jette de la poisse dessus".

À ce moment-là, j'avais répliqué avec un "c'est exactement ça" et nous avons ri, mais il y avait des chances que le Dieu à l'ouïe fine ai entendu. Je me demandais bien quelle tête Il faisait alors qu'il éprouvait du mépris pour nous, tandis que nous aspirions au "bonheur" sans même connaître la définition du "bonheur" lui-même.

Ah, je me sens triste. Ce n'est pas bon.

J'ai laissé échapper un soupir, dirigeant mes yeux dans la direction de l'imposante horloge en forme de grenouille posée à côté de la télévision.

Juste un peu plus de temps, et une heure se serait écoulée depuis que cette fille était partie faire des courses. En prenant en considération la distance de sa destination, ça ne serait pas étrange qu'elle rentre d'ici quelques minutes. Toutefois, c'était d'elle dont on parlait. Si jamais elle avait croisé un moment sur sa route pour rentrer un chiot quemandeur, elle avait sans aucun doute dû faire un détour après détour et prendrait donc encore deux heures.

Tout allait bien tant qu'elle finissait par rentrer, mais évidemment, il y avait aussi une chance qu'elle se retrouve incapable de retrouver sa route. Si jamais cela se produisait, alors je me retrouverais évidemment à faire une recherche nocturne qui serait une histoire de vie ou de mort.

"Haah..." mon second soupir a déshydraté mes lèvres.

En y repensant, ça aurait été mieux si j'étais parti avec elle. Néanmoins, depuis que dire ça avait curieusement contrarié son moral, il y avait des chances qu'elle se soit rendue secrètement dans un endroit qui m'était inconnu. Enfin, ce n'était pas comme si elle avait elle-même dit qu'elle allait faire quoique ce soit d'audacieux, donc depuis qu'elle avait demandé "donne moi un peu d'espace", les choses se sont arrêtées ici, mais peu importe ce que je faisais, ce n'était pas non plus comme si ma nature soucieuse disparaîtrait - mon coeur était vraiment problématique.

Bien qu'elle était quelqu'un que je devrais respecter en tant qu'individu, elle était aussi la personne qui m'était la plus chère. Je voulais qu'elle vive librement, mais je ne voulais pas qu'elle aille faire quoique ce soit de risqué. Même maintenant, j'ignorais comment mesurer cette balance.

"Pourquoi tu es dans les nuages ?"

Effectivement, j'étais un peu dans les nuages. D'une certaine façon, j'ai donné une réponse, "Hn~", je réfléchis un peu, c'est tout. La balance pour s'accocier avec les gens est dure à maintenir, pas vrai ?"

Elle était là.

"Eh-UWAAAAAH !! Quand ?! Quand es-tu rentrée?!!"

J'ai roulé du canapé et mon coude droit a heurté le sol. Alors que je me retournais et regardais vers le haut avec mon visage grimaçant face à la douleur aiguë, Marry se tenait derrière le canapé, me fixant avec une expression telle que si elle avait été témoin de quelque chose de vraiment étrange.

J'ai trouvé la confirmation à l'aide de la montre que Marry était rentrée pile après une heure. Sans réfléchir, j'ai joyeusement élevé ma voix.

"C-Ce n'est pas incroyable, Marry ?! Que tu sois rentrée pile dans les temps..."

"Je suis juste rentrée comme d'habitude."

Maintenant qu'elle le disait, j'ai réalisé que c'était vraiment le cas. Mes yeux se sont attardés sur Marry malgré son mécontentement.

"Donc tu étais inquiet, après tout. Même si je t'ai dis que je m'en sortirais."

"Ah~... Eh bien, je ne l'étais qu'un poil. Juste un poil."

"Hun, donc ce n'était qu'un poil."

Le regard perçant de Marry pleuvait détrempé en continu sur moi. En surface, son mécontentement illimité était un champ de mines. Mais je savais que le fait de demeurer dessus était improductif, alors je me suis évasivement levé et j'ai fait face à Marry de l'autre côté du canapé.

Marry, qui s'était retournée pour me regarder, se dirigea vers moi, soulevant soudainement et avec force le sac de courses qu'elle tenait.

"Tiens, tu dois mettre ça dans le frigo."

Bien qu'elle ait revendiqué qu'elle pouvait aller faire du shopping toute seule, il semblait qu'elle ne s'intéressait pas à ces sujets divers. J'ai accepté le sac de ses bras fragiles et tremblants, et mon cou s'est incliné face à son poids inattendu. Je lui avais seulement demandé d'acheter les ingrédients pour faire du curry.

“Huh, Marry, est-ce que tu acheté autre chose que ce qui était prévu ?” Lorsque j'ai posé cette question, les yeux de Marry se sont soudainement mis à briller comme si elle n'attendait que ça.

“Yep, yep, j'ai trouvé quelque chose de vraiment sympa ! Tu vois..." tout en parlant, Marry a posé une de ses mains sur le canapé et a penché son corps en avant, plongeant son autre main dans le second sac qu'elle tenait.

Si je ne me trompais pas, la liste de courses comprenait aussi un boîte d'œufs. Je frémis en l'observant fouiller frénétiquement dans le sac, mais comme prévu, même quelqu'un comme Marry serait au courant de quelque chose d'aussi basique. Si elle ne l'était pas, les œufs auraient déjà été écrasés sur le chemin du retour. Et, une fois que la main de Mary a saisi et sorti quelque chose, le sac est devenu étonnamment léger. Alors que je l'ai regardé, me demandant ce que c'était, je n'ai pas pu retenir un "eh".

Les mains de Mary s'agrippaient à un énorme poisson rondement gras et de grande qualité. De plus, même si c'était au milieu de l'été, le poisson n'était pas garni de glace ou de quoi que ce soit d'aussi préventif pour le garder au frais.

J'ai involontairement crié à cause de ma rencontre fortuite avec un poisson frais qui semblait avoir été mis dans le sac immédiatement après avoir été attrapé.

"Uwaaaaaaaaaaaaah !! Une minu- C'est quoi ?!"

“Eh, c'est un pleuronectidae. On m'a dit que c'était sans nerfs.”

Juste comme elle l'avait sit, c'était une limande. En plus, un pleuronectidae allongé sans nerfs était quelque chose d'assez extrême.

Alors que Marry a laissé la limande couchée sur le canapê avec un "voilà", elle croisa les bras et gonfla fièrement sa poitrine. Une sorte de liquide provenant de la limande a tâche le canapé.

“Seto, tu as dit que tu préparerais la limande, non ? Mais, t'sais, les limandes sont vendues comme ça de nos jours."

Je vois, c'est sans doute "tel que c'était".

Son niveau de primaire en terme de jeu de mots s'est ainsi matérialisé devant moi.

"Marry, tu aimes le curry, non ?"

"Yup, j'aime celui qui est doux." Marry a acquiescé en guise d'affirmation.

"Tu peux m'expliquer comment c'est fait?"

"Euh, c'est celui que l'on verse sur du riz." dit Marry, ses bras tournoyant en tourbillons pour former un grand cercle.

Je ne savais pas quelle partie du curry ce geste était censé représenter, alors je me suis contenté de me dire que c'était l'asiette et j'ai continué la conversation.

"Alors, comment s'est changé en curry...?"

"Hu~m... avec une marmite ?"

"Une marmite" ?

Peut-être qu'il y en avait une qui hibernait à l'arrière de la cuisine, mais, il n'y avait aucune marmite dans notre maison qui pouvait faire le poisson en curry, pour autant que je sache.

Ne sachant plus quoi dire, j'ai regardé les yeux innocents de Marry. Pendant qu'ils me fixaient, je ne pouvais rien dire d'autre.

"On a de la limande au curry aujourd'hui, c'est bien ça ?" J'ai demandé, et Marry s'est mise à sauter de haut en bas, semblant heureuse.

"Sérieusement ?! Tu vas utiliser le double de quantité de limande ?! Ça a l'air super bon !!"

Et c'est ainsi que j'ai pris la pitoyable "limande", tournant sur mes talons vers la cuisine pour la mettre au frigo. Si je ne me trompais pas, il nous restait quelques légumes. J'aurais à être flexible dans le futur pour compenser à ces changements soudains dans le menu. En pensant ainsi tout en jetant un coup d'œil au fond du sac de course et trouvant un paquet d'œufs écrasés, j'ai décidé d'ajouter un plat à base d'œufs au menu du jour.


Note de traduction, face au "niveau de primaire en terme de jeu de mots" : en japonais, curry s'écrit karee et limande karei (qui veut dire limande), mais ils se prononcent de la même façon. Donc Mary a confondu le curry et la limande. Et par "préparer", elle disait à Seto qu'il n'avait donc plus besoin d'enlever ses nerfs, d'où son choix de poisson sans nerfs. Le fait que le poisson soit vendu "juste comme ça" (qui se dit "menma"), soit "tout juste pêché", ressemble aussi au nom donné à la limande allongée "mammae karei". Et enfin, quand Seto dit "limande au curry", qui se dit en japonais "karei karee", Mary pense qu'il va doubler la ration de limande dans le plat. Autre chose, la limande au curry existe bel et bien, et il est très doux, tout comme Mary aime le curry.

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