Kagescan

Kagerou Daze Vol.VIII -summertime reload-


Children Record Side 9

Sommaire du volume 8

 

"Bon, on peut rien y faire. Ouaip, rien y faire."

"Eh ?"

L'atmosphère du décor teinté de blanc immaculé, aussi étendu que les yeux pouvaient voir, absorbait le "eh" que j'ai laissé sortir avec un ton de voix naze. Non, je me pose bien la question. Ce n'était peut-être pas un "eh". Peut-être était-ce plus un "n'eh".

Tandis qu'il se tenait près du lit tout en grattant sa tête, il parla à voix basse avec un ton qui n'était pas très cohérent, "Ben, je veux dire, je sais pas comment le formuler... Haruka, tu te casses trop la tête avec ça. Toi me tuer et moi être tué... c'est pas si grave que ça, si ?" Il parla comme si ce n'était rien, et tout en s'asseyant sur le lit, il grommela, "Mais bref, il n'y a vraiment rien à faire ici."

Hein ? Je... viens de faire une importante révélation, non ? Comme quoi Konoha était mon "ability" et comme quoi moi/Konoha avions été celui qui a tué Shintaro... Bizarrement, j'ai senti que les choses ont été transmises au même niveau que "J'ai perdu le livre que tu m'as prêté", mais était-ce vraiment correct ? Serait-il préférable de le dire encore une fois ?

Ouaip, redisons-le encore une fois.

"H-Hum ! Shintaro !"

Le corps de Shintaro s'est d'abord secoué un peu, et il fixa mon visage comme pour me demander ce qui n'allait pas.

"Euh. Je vais l'expliquer encore une fois, alors je veux que tu écoutes attentivement, d'accord ?"

"Non, j'ai déjà bien écouté. Le discours comme quoi Konoha est l'ability d'Haruka et que ma mort était de la faute de Konoha – voilà toute l'histoire, non ?"

"Eh ? A-Ah, oui."

Sans que je m'y attende, ce que j'avais voulu dire fut bien transmis. Cela avait été si clairement transmis que j'avais fini par en être, en fait, déconcerté. Peut-être surpris d'à quel point j'étais choqué, Shintaro expira avec un "haah".

"Je... me suis souvenu de beaucoup de choses. Comme ce que j'étais en train de faire juste avant de venir dans le "Kagerou Daze", et pourquoi je suis là. La raison pour laquelle j'ai été tué était que le gars appelé 'Clearing' a possédé Konoha. Ce n'était pas la faute d'Haruka."

"M-Mais... pour commencer, les choses ont tourné ainsi parce que j'ai souhaité 'revoir encore une fois mes amis'. Si je n'avais rien souhaité du tout depuis le tout début..."

"Cette fille" avait dit que "les 'abilities' exauçaient les désirs de leurs propriétaires".

Konoha était sans aucun doute né de mon désir, et par conséquent fit la rencontre de Shintaro et des autres. Si je n'avais pas souhaité de choses bizarres en premier lieu, Konoha ne serait jamais né et Shintaro n'aurait pas perdu la vie.

Même maintenant, je me souvenais parfaitement de l'inépuisable sentiment de désespoir que j'avais ressenti par le passé lorsque j'ai moi-même perdu la vie. J'avas fini par faire goûter à mon précieux ami le même sentiment.

Tout naturellement, j'ai su que le pouvoir du nom de "Clearing" était un homme terriblement méchant, lorsque j'ai observé l'extérieur via les yeux de Konoha. Cependant, même si ce n'était pas d'une si grande ampleur que ça, nous n'étions pas supposés penser que "ce n'était pas de ma faute".

"Aah, alors il y a ça, hein ?" alors que Shintaro dit ceci, il frappa la paume de sa main avec un poing. "Si je n'avais pas fait ami-ami avec Haruka dès le début, Haruka serait allé de l'avant sans souhaiter quelque chose comme ça ?"

"Qu...! P-Pas du tout !! C'est totalement impossible que ça soit de la faute de Shintaro !" J'ai baissé mon corps en avant et ai protesté, cependant, Shintaro m'a fait face d'un air taquin et avec un sourire téméraire. Comprenant que ses mots n'étaient pas sérieux, j'ai relâché les mains qui serraient les draps et ai mollement laissé partir ma force.

"Rien ne me rend plus heureux de savoir que tu "voulais me voir". C'est pour ça que c'est totalement impossible que c'était la faute d'Haruka," tout en disant cela, contrairement au sourire taquin d'à l'instant, Shintaro m'en offrit un enjoué de tout de son visage.

Aah, encore ça.

J'avais toujours espionné le monde extérieur à travers les yeux de Konoha. Pendant la période où Monsieur Tateyama lui avait dit, "tu ressembles à un de mes élèves", et celle où Hibiya et Hiyori avaient été avalés par le "Kagerou Daze", j'avais été incapable de faire ou dire la moindre chose, comme un idiot.

A chaque fois que Konoha rencontrait quelqu'un, j'en venais à le haïr. Il était impuissant, manquait de confiance en lui, ne comprenait rien à rien et était vraiment tout comme moi... Je détestais beaucoup ça.

Néanmoins, Shintaro avait appelé un gars pareil son "ami". Et jusqu'à la toute fin, il s'était préoccupé de mon "moi" bancal et avait essayé de protéger mon coeur, qui avait l'air d'être capable de disparaître avec un coup d'air.

Et depuis ce jour d'été où je m'étais confié à lui à propos de ma maladie, la gentillesse de Shintaro n'a jamais changé. Je finissais toujours sauvé par cette personne.

"Hé—ouah ! Haruka, non, pleure pas ! Je sais jamais quoi faire quand quelqu'un pleure !"

"Eh ? Ah, dé-désol...!"

Le réalisant dès qu'il me l'a dit, j'ai avec assurance essuyé les coins de mes yeux. Quand j'y ai jeté un coup d'oeil, le revers de ma main était complètement trempé. Je pleurais abondamment.

"Daaah, de la morve ! Atte—Mouchoir, mouchoir ! Mais, aucun moyen qu'il y en ait ici..."

"Uuh..."

D'une manière à moitié nulle et à moitié embarrassée, j'étais absolument étonné de moi-même, genre, "Je n'ai pas la moindre dignité d'un aîné, on dirait", tout en me bagarrant avec mes larmes, et tandis qu'on en était au point où les sanglots dégringolaient sur mes deux bras, je regagnai enfin mon calme.

Shintaro se caressa la poitrine comme s'il était rassuré, puis a mis ses deux bras derrière sa tête et a brisé la glace avec, "Bon, et maintenant ? C'est évident puisqu'on est morts, mais on ne peut pas faire grand-chose pour les autres depuis cet endroit." Comme s'ils exploraient la zone qui s'étendait d'un blanc immaculé sur tous les côtés, les yeux de Shintaro se déplaçaient.

Bien sûr qu'il s'inquiéterait aussi. Tout les membres du Mekakushi Dan, qui avaient accepté Konoha, passaient sûrement un horrible quart-d'heure à l'instant-même. Penser que Konoha était la source de tout ça... m'avait rendu désemparé.

"Vraiment, il n'y a rien de plus frustrant. Depuis que Konoha a été possédé par 'Clearing', je ne peux plus du tout voir la situation de l'autre côté."

"Eh bien, même si tu pouvais le voir, il n'y a rien à faire. Nous n'avons aucune méthode pour partir rejoindre l'autre côté ou quelque chose comme ça, si ?"

"Exact. En tout cas, avec ce que je sais, je ne trouve aucune solution."

Le "Kagerou Daze" avalerait des êtres humains sur le point de mourir. Et il semblerait que les seules personnes qui pouvaient ressortir étaient ceux avec de nouvelles vies... ceux avec les "abilities" en eux. De plus, les "Dix Abilities" qu'Azami possédait avaient chacune déjà trouvé leur personne compatible. Pour faire court, dans notre situation actuelle, nous ne pourrions pas trouver de moyen de quitter cet endroit. Bon, chacun de ces faits étaient quelque chose comme une histoire un peu usée que j'avais entendue de la part de "cette fille", par contre.

Eh bien, même si il y avait une méthode simple pour sortir, il m'était impossible de l'imaginer comme correcte.

Les personnes qui avaient été avalées en cet endroit étaient toutes égales à propos du fait qu'elles avaient été "juste derrière le palier de la mort". Au sein d'un monde aussi maigre du point de vue de la vie et de la mort, nous avons pu discuter juste comme ça, mais si nous partions rejoindre l'autre côté avec une méthode qui ne soit pas celle d'une "ability" qui réside en nous, le fait que nous étions sur le point de mourir ne changerait sans doute pas. Si on suppose que Shintaro pourrait essayer d'aller dehors sans correspondre à une "ability"... uugh. Je n'avais pas envie de trop y réfléchir.

"Bon, ça veut dire que les choses ne peuvent pas être pratiques au point où un mort pourrait s'immiscer comme si de rien était. Par contre, on dirait bien que les morts ont des bouches pour parler."

Avec un sentiment d'auto-dévalorisation, Shintaro pinça ses lèvres. C'était morose. Mon expression du visage s'est raidie.

D'après ce que je pouvais voir, Shintaro n'avait pas de cicatrices externes. C'était pareil pour moi, mais il semblait, que peu importe les vraies apparences des personnes, ceux à l'intérieur du"Kagerou Daze" prendraient des formes qui reflétaient fortement leurs "propre conscience". Et, visiblement, on dirait que leur conscience n'exerçait pas seulement leur influence sur leurs silhouettes. L'espace blanc immaculé dans lequel nous nous étions retrouvés, par exemple, reflétait apparemment ma conscience.

En parlant de ça, n'était-ce pas la première chose que m'avait dite "cette fille" lors de notre première rencontre dans ce monde ?

Au moment où elle était apparue, ma dimension d'abord complètement blanche avait été repeinte en deux temps trois mouvements, et mes yeux avaient été tout simplement dérobés par la vue.

C'est exact.

Je m'étais soudainement rappelé d'une telle chose grâce à rien d'autre que du fait que le blanc immaculé de la zone environnante avait subi un changement radical. Il s'était transformé en l'heure magique où l'orange du crépuscule se fond presque dans le bleu foncé du ciel nocturne. Le blanc immaculé qui avait alors teinté tout ce qui nous entourait, en un clin d'oeil, fut maculé des nuances des ciels presqu'illusoires.

"Iih !?"

Peut-être surpris du spectacle du changement soudain de la zone, Shintaro roula et tomba du lit. Face à la "visite" inattendue, je me retrouvai moi aussi dans l'incapacité de fermer ma bouche qui était involontairement grande ouverte.

Vraiment, elle était toujours inattendue.

Et donc, de nulle part, les bruits de pas de quelqu'un portant des mocassins commencèrent à résonner. Lorsque j'ai regardé, elle était là, accélérant tout simplement son pas sur le plancher d'une salle de classe dont j'étais habitué à la vue.

"Hum... ça fait un bail... hein ?"

Tout en cachant un sourire charmant sous réserve, Ayano s'était révélée d'un seul coup au centre de la salle de classe à la couleur crépusculaire. Son emblématique écharpe rouge volait dans le vent qui soufflait depuis les fenêtres ouvertes.

Pendant ce temps-là, j'imaginais le choc difficilement décrivable qui avait dû frapper le coeur de mon meilleur ami. L'"éternité" d'à peine deux ans qui les avait séparés avait certainement pris fin.

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"Pas vraiment. Ca fait pas longtemps."

J'ignorais la signification des larmes qui apparaissaient dans les yeux de Shintaro tandis qu'il crachat des mots rassurants. Néanmoins, en tant que pleurnichard que je suis, les mêmes larmes ont fait surface dans les miens.

Aah, mais juste, à quel point ces deux-là avaient-ils attendu avec impatience ce moment ? C'est sûr, ils en avaient rêvé. Ils ont sans aucun doute des tas de choses à se dire, alors c'est regrettable que je m'incruste. Tout de même, il n'y a aucun moyen que je prennes mes cliques et mes claques et que je parte en secret. Aah, tellement frustrant... !

"Donc... à propos de ce qu'on va faire à partir de maintenant, pourrais-tu m'écouter un moment ?"

"Ouais. Déjà, il faut qu'on parle de ce certain 'Clearing'..."

Ouaip, ouaip. Déjà, de "Clearing". Ils ont probablement toujours voulu parler de lui, alors déjà, ça devait être "Clearing"...

"Eeh !?" mon braillement perplexe s'est réverbéré à travers la salle de classe.

Tandis que nous nous sommes assis sur les chaises à disposition, les deux autres, qui étaient sur le point de faire une réunion stratégique, se sont retournés avec un "c'était quoi ça !?".

"Que se passe-t-il ? Haruka, tu ne te sens pas bien ou quelque chose du genre ?"

"Oui, Haruka, tu ne dois pas te forcer, alors allonge-toi."

Il était juste impossible de se sentir bien ou mal à l'intérieur du "Kagerou Daze", et même si on m'avait dit de m'allonger, le lit avait disparu avant qu'on ne le remarque, alors il y avait beaucoup trop de failles.

"C'est pas ça !" J'ai vigoureusement intervenu en remuant mes bras.

C'était assez différent du temps où j'étais vivant. Mes blagues étaient aussi, pour la plupart, sombres.

"Je veux dire, vous vous voyez après un bail, vous deux, pas vrai ? Hum, comment je pourrais le dire ? Hum... vous voyez ? Je me demandais si vous aviez pas des tas de trucs à vous dire ou quelque chose comme ça..."

Shintaro a haussé le sourcile avec interrogation comme pour demander "qu'est-ce qu'il a ?".

En revanche, Ayano posa son menton sur sa main comme si elle était en pleine réflexion avec un "hm", et après avoir rapidement scruté les yeux de Shintaro, elle dit, "Quand ça sera fini, peut-être ?".

Shintaro regarda à son tour Ayano dans les yeux, ayant l'air de ne pas vraiment comprendre ce qu'il se passait. "Bon, ne devrions-nous pas garder ça pour quand tout sera fini ?"

L'échange des deux donnait bizarrement l'impression que cela n'avait pas d'importance. Bon, je n'allais pas leur dire d'avoir une conversation très animée. Mais ils étaient assez pince-sans-rire, alors leur aîné était un peu désespéré.

C'est tout.

Comme on pouvait s'y attendre, j'ai compris que je n'étais pas dans une situation où je pouvais vraiment m'exprimer beaucoup. C'était précisément parce que je comprenais ça, que si il n'y avait aucunement besoin de cette agréable conversation qui leur était nécessaire selon moi, alors ce que nous étions censés faire était faire face à la "réalité".

Je ne dirais pas que nous avions beaucoup de temps, mais c'était certain, nous n'étions pas dans le cas où nous n'en n'avions pas. Après tout, nous étions à l'intérieur du "Kagerou Daze". Vu que j'avais tantôt mon "propre" point de vue et celui de "Konoha", je savais que la manière dont le temps s'écoulait ici et de l'autre côté différeaient totalement. J'avais beaucoup parlé, Ayano était également apparue et nous étions assez tranquilles, mais le "temps ici" était si généreux que ça en devenait presque stressant.

Je n'avais pas regardé l'horloge de l'autre côté, alors je n'étais pas si sûr de moi. Mais très probablement, en ce temps-là, depuis que Shintaro est venu, pas une seule seconde ne s'est encore écoulée.

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